Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La boite a bafouilles
La boite a bafouilles
Pages
Derniers commentaires
28 mars 2015

Vingt huitième Bafouille...

Fabrice avait eu de sacrés emmerdes avec ses proches,  et ça l’avait salement abimé, moralement,  et il savait que Julius pouvait le comprendre,  pour avoir été lui aussi promus a un siège éjectable permanent.

Fabrice en réalité n’avait rien d’un bon a rien,  il était avant tout curieux et hypersensible, et il fallait ajouter à cela le fait qu’il était doté d’une intelligence redoutable qui s’exprimait à travers les mathématiques et les lettres.

Il avait passé haut la main son bac avant tout les autres, et avait ensuite étudiées les mathématiques supérieures, ça ne l’avait pas empêché de faire une rocambolesque et épouvantable java de tous les diables.

Il avait fait le tour du monde, avait visité et séjourné dans quantité de pays, et s’était marié, vers les trente ans, il avait deux enfants et avait divorcé peu de temps après son mariage…

Julius lui avait demandé la raison de cette rupture, l’épouse de Fabrice ne supportait pas qu’il fume et qu’il picole, après leur premier enfant, Fabrice mit en garde Julius, les femmes étaient très différentes, avant, et après un enfant.

Julius ne dit rien mais il devinait que madame Fabrice en avait eue marre aussi d’autres frasques moins avouables, mais comme Julius, Fabrice ne croyait pas un seul instant à la fidélité sexuelle, ce n’était tout simplement pas possible.

Ce qui n’empêchait pas d’aimer les gens avec qui l’on couchait, et même longtemps après,  et de toutes façons, Fabrice savait par expérience que dans une existence, on couchait toujours au bout d’un moment avec les mêmes personnes, a différents intervalles.

Le reste n’était qu’aventures, et il conservait des liens affectifs avec certaines  qu’il connaissait depuis longtemps.

C’était une situation que Julius pouvait bien comprendre, il lui était arrivé pour les mêmes raisons de coucher a diverses reprises, avec des filles dont il s’était séparé quelques années plus tôt, les aventures de part et d’autre n’avaient pas entamé le lien affectif.

Fabrice aimait sa femme, ses enfants, un garçon et une fille, plus jeune, mais il était d’avis que leur entourage avait sciemment corrompue leur relation,  jusqu’à détruire son couple, il avait épousée une très jolie femme, qu’il aimait,  plutôt que de s’unir a une autre dynastie, il était incapable de mélanger les affaires de cœur, et les affaires du bidule, avec la construction d’un consortium financier.

C’était contraire à ce que l’on attendait de lui, il maudissait ces gens qui avaient prétendu l’empêcher de jouir de ses plus fondamentales libertés,  en vidant des scotchs.

Il était profondément écœuré par la lâcheté et la perfidie avec laquelle un autre pouvait tenter de le manipuler ou de l’obliger par chantage, à  aller dans la direction qu’il lui avait assignée, le mensonge, l’hypocrisie lui donnait des nausées persistantes.

Cet état nauséeux atteignait un pic lorsqu’il décelait dans le discours la crapulerie malhonnête déguisée en bonne intention,  en geste désintéressé, la prétention de l’angélisme était le fait de ceux qui refusaient lâchement de voir le tyran égoïste qui vivait en eux en permanence…

Julius était d’avis qu’il était un peu ou plus que ça, parano, les accidents de la vie et l’hostilité du milieu ambiant pouvait rendre parano, on l’était déjà à l’état naturel,  pour survivre, et dans certaines circonstances, on le devenait encore plus.

Il répondit affirmativement, bien sûr qu’il l’était,  et il était attentif à nourrir sa parano, tout en étant vigilant à ce qu’elle ne l’aveugle pas toujours, prendre les bonnes décisions pour pouvoir se défendre demandait de ne pas écouter ses émotions,  le reste du temps, il fallait toujours voir les choses et les situations de haut.

C’était primordial pour éviter de se faire avoir par d’autres paranos bien plus dangereux que lui, il disait ça avec une certaine théâtralité en forçant volontairement le trait devant Julius qui s’écroulait de rire car c’était justement le raisonnement d’un parano.

Il s’estimait gravement lésé par son père à propos de son héritage.

Ses parents lui avaient filé une brique lorsqu’il s’était marié,  une brique de quand Julius avait cinq ans, ça faisait un bon paquet de fric, mais Fabrice modérât son enthousiasme…

Ce n’était rien en comparaison de ce qu’il aurait pu légitimement avoir, des miettes éparpillées d’un revers de main sur le coin de la nappe, et Fabrice luttait avec obstination pour avoir sa part de gâteau.

Il avait échoué là, après sa sortie de l’hôpital,  sans un rond, le mari de l’une de ses maitresses lui  prêtait le studio,  il n’avait conservé que quelques affaires et des bouquins dans sa déroute, et il trépignait de rage et d’impatience pour se refaire.

Toujours  aussi sérieusement  car il avait remarqué que ça faisait marrer Julius, et Fabrice aimait bien déconner, il estimât que Julius ne pouvait pas comprendre toute la portée de ces enjeux, n’étant lui-même  qu’un sale petit immigré de merde, loqueteux et très certainement animé du désir de le ruiner, lui et le restant de la France.

Là, ça avait chatouillé Julius,  d’abord parce qu’il s’attaquait  indirectement à sa mère, ou ses grands-parents, ensuite  parce qu’il s’attaquait aussi à son père, et si lui ne pouvait plus se défendre, Julius pouvait le faire à sa place.

Les noms de lieux  dont Julius avait pris connaissance dans sa petite enfance lui revenaient, Marcus son grand-père avait connus l’enfer durant quatre ans, avoir pataugé dans les tranchées  en se prenant des obus sur la gueule, c’était pour lui comme avoir des siècles auparavant participé à la bataille des thermopiles, des générations après on s’en souvenait comme d’un événement fondateur.

Julius n’ignorait pas que d’autres qui se torchaient dans la soie s’étaient trouvées quantités d’excuses pour rester sur le banc de touche, autant de complications pulmonaires, de pieds plats, ou d’autres trucs du genre…

Fabrice l’écoutait  avec un sourire qui découvrait ses dents, l’œil brillant de curiosité.

Pour ce qui était de son père, Julian n’avait jamais voulu se faire naturaliser, il parlait parfaitement le français, et avait fini par connaitre bien mieux que d’autres la culture et l’histoire de France, dont il admirait de nombreux aspects, mais voilà, il n’avait jamais voulu changer de nationalité.

Pourtant ça lui aurait probablement évité des tas d’emmerdes, mais Julian ne voulait pas changer de nationalité, ça lui aurait été facilement possible, mais non, chez Julian, on ne changeait pas de nationalité,  il aurait pu avoir un passeport bleu avec son nom, un passeport de la république, après des démarches, mais il avait toujours souhaité conserver le sien, un passeport vert foncé avec un aigle dessus, c’était comme ça.

Fabrice  relevait tous ces détails avec attention, en souriant, il trouvait que décidément, Julius était vraiment incroyable…

C’était un compliment, et il se mit à lui citer des passages du don quichotte de Cervantès, dans un espagnol parfait,  et sans accent, qu’il avait appris durant sa jeunesse, et même très jeune, à une époque ou Fabrice habitait en Andalousie, dans le sud , dans une propriété de sa famille, pour certaines raisons…

Il faut dire que la famille de Fabrice avait connu de nombreuses péripéties, et pas banales, il était né à paris,  au début de la guerre, et de l’occupation Allemande.

Ses parents étaient vite devenus des habitués de l’hôtel Meurice, ou ils discutaient le bout de gras tout en vidant des verres avec Von  Choltitz, le gouverneur de paris,  ou encore du Majestic, ils côtoyaient tout le gratin  botté de l’époque, et tout allait bien, de réceptions en réceptions  avec Abetz,  Ribbentrop ou d’autres….

Mais à partir de quarante-trois,  ça commençait à sentir le brûlé, la Wehrmacht commençait à se prendre  ses premières raclées,  à Stalingrad, ou dans les sables.

Pour autant, ils demeuraient confiant dans la victoire finale de leurs nouveaux copains,  ce qui fit qu’ils durent boucler leur valoches précipitamment,  et encore, même pas, ils se firent la malle en usant de tous les moyens possibles pour ne pas se faire lyncher ou fusiller,  il était évident pour tout le monde qu’ils avaient de sérieuses tendinites a force de lever le bras.

Le généralissime leur offrit aussitôt l’asile politique, à Madrid, puis la famille s’installât dans sa propriété,  ou elle ne recevait que quelques rares amis, rescapés de cette débâcle,  et un Allemand  qui depuis préférait les discrètes tenues civiles a son uniforme…

Voilà comment Fabrice avait passé les premières années de sa vie,  en cinquante-quatre, le gouvernement Français leur accordât une amnistie,  et ils déboulèrent à nouveau dans l’hexagone, le père de Fabrice lui, avait déjà été réintégré dans l’armée, on l’avait envoyé piloter un Corsair dans le ciel de l’Indochine.

Pour Julius, ce récit était franchement décoiffant,  et Fabrice insistât sur le fait qu’il lui livrait là un témoignage de première main, pas un truc fabriqué dans les coulisses d’Hollywood, c’était du vécu, du brut de brut.

Forcément Fabrice avait  eu droit à quantité de procès d’intention,  ce dont du reste, il se foutait, il pestait après tous les cons qui auraient eu l’intention de lui reprocher quoi que ce soit.

On ne choisissait pas sa famille, et la sienne avait été, depuis plusieurs générations de toutes les entreprises qui avaient pour but de gouverner le peuple à coups de godillots dans le cul, les têtes pensantes de ce genre de mouvance constituaient sa famille politique, et Fabrice se passionnait pour la chose politique.

Il supposait que Julius lui aussi devait avoir de temps en temps, quelques raideurs dans le bras droit, ou sinon des membres de sa famille….

La question ne dérangeait pas Julius, il répondit le plus sincèrement possible,  mais non, son grand-père n’avait pas participé à cette aventure.

Dans sa famille on était plutôt copain avec l’autre bord, la sœur de Jean Moulin était même une amie,  mais il appréciât la sincérité de Fabrice, il était d’avis que ne pas faire la lumière sur cette période sombre de l’histoire, était très con, car finalement, ça foutait la merde.

Le grand-père de Julius avait pleuré quand il avait appris  la nouvelle de la capitulation, les premiers temps, il avait cru que le prestige du maréchal pourrait  en imposer aux Allemands, car le maréchal, ce n’était pas n’importe qui, merde.

Il n’était du reste pas le seul à le penser, le maréchal jouissait d’un prestige certain auprès des vétérans, il avait fait ce qu’aucuns des clowns bardés de décorations dans de beaux uniformes a brandebourgs n’avait fait, il avait pataugé avec eux, en fumant du gris et en bouffant leur rata, et il leur avait donné des permissions.

Mais il s’était vite rendue compte que ça coinçait de partout, et que c’était bel et bien les doryphores qui gouvernaient le pays, la zone libre ne l’était plus, les doryphores étaient partout,  et il vivait dans l’espoir que le grand Charles les expulse.

De plus, il était adjoint du maire de son patelin,  c’était plutôt difficile à cette période-là, vers la fin, une colonne allemande s’était faite zigouiller par un Mosquito britannique, juste à la sortie du patelin.

Des crétins avaient eu l’ignoble idée d’aller détrousser les cadavres évidement sans songer une seule seconde que les Allemands n’étaient pas bien loin, et qu’ils n’étaient pas encore parti.

Le résultat fut qu’il se retrouvât sur une liste d’otages, prévenu a temps, il put se planquer pour éviter de se faire rectifier, c’était chaud.

Fabrice écoutait tout ça avec la plus grande attention,  mais il était tout de même surpris, il y avait un truc de Julius qui lui échappait, il lui reposât encore une fois la même question, en le sondant de son œil unique.

Il était presque certain qu’un membre au moins de la famille de Julius, avait eu des fourmillements dans le bras.

Julius réfléchissait, en faisant tourner les glaçons dans son scotch,  il ne voyait rien du côté de sa mère, ou de son père, mais soudain, ses certitudes semblèrent se ramollir comme du beurre au fond d’une casserole sur le feu….

L’oncle de Julian, qui était professeur de peinture aux beaux-arts,  avait donné dans le gigantisme, les fresques, c’était son truc.

Hors il se trouvait qu’il avait participé à la décoration du plus grand monument à la gloire du généralissime, une monumentale basilique dédié aux combattants de la guerre,  taillé dans le roc, avec une croix de cent cinquante mètres de hauteur, qui se voyait a des kilomètres à la ronde.

Il était évident qu’il avait dut avoir de sacrés fourmillements dans le bras droit, et qu’il avait trempé le pinceau jusqu’à l’épaule dans certaines idéologies….

Avec une réelle et profonde satisfaction,  et son plus beau sourire, Fabrice se levât de sur sa chaise pour venir l’étreindre et l’embrasser,  ce qui évidement fit marrer Julius qui était embarrassé, Fabrice voulait qu’il lui parle du grand oncle, il fallait a Julius  d’abord  évoquer le syndicat vertical, et son fondateur, l’absent.

Ses partisans l’avaient appelle l’absent car il n’avait pas survécu à la tuerie générale, ses adversaires l’avaient fusillé dans sa prison, à Alicante.

Fabrice était d’avis que décidément,  Julius était un sacré phénomène,  et qu’il lui était profondément sympathique, et il l’écoutât raconter ce qu’il savait de tout ce micmac.

De son côté Julius trouvait que Fabrice ressemblait a ce qu’il imaginait être la version punk du docteur Folamour.

L’absent était lui-même le fils d’un dictateur qui avait été mis en place par le roi Alfonse, et qui n’avait pas franchement fait l’unanimité…

Il n’avait aucune complaisance pour les érudits ou la culture, et gouvernait à coups de charges à cheval sur les foules, on lui reprochait de se livre à une vaste entreprise de crétinisation au service du pouvoir monarchique, et des privilégiés.

Il était mort curieusement et subitement à Paris, lors d’une visite officielle, et Julius était d’avis qu’il était mort d’un excès de bonnes choses, ce qui fit marrer Fabrice qui partageait cet avis.

L’absent se retrouvât donc soutien de famille, et  il fit des études de droit, et se lançât en politique, dans le but entre autre, de réhabiliter son père, ce qui n’était pas évident, mais l’absent était assez différent.

C’était un esprit vif et cultivé, qui appréciait les arts et les lettres.

Sa clientèle en tant qu’avocat était composé en partie de gens fauchés, qu’il défendait de son mieux malgré tout, l’absent avait des qualités d’orateur qui faisaient la différence, et sa réputation allait grandissant.

Ses convictions politiques se basaient sur le fait que le marasme que traversait le pays était le fait d’un abandon de la volonté d’accomplir une grande destinée, les solutions devaient venir en puisant son inspiration dans le glorieux passé de la péninsule.

Pour autant, il voulait rompre avec la politique traditionnelle,  et avec la société traditionnelle, de façon musclée…

Il avait rassemblé autour de lui, les premiers temps, des déçus de la politique, des anarchistes,  il y en avait beaucoup à cette époque, quelques communistes déçus du communisme, et des nationalistes.

Dans ses discours il vilipendait le capitalisme, la finance internationale, la spéculation qui ruinait les nations, et qui asservissait les peuples, il vilipendait aussi le communisme, qui n’était selon lui qu’une autre face du capitalisme, et qui consistait à anéantir toute individualité, en faisant des hommes des machines à produire toujours plus.

Avec ce genre de discours, il était évidement difficile de se faire des copains, mais l’absent était patient…

Il avait donc créée sa formation politique, sur la base du syndicalisme, l’absent ne voulait plus de la monarchie, le syndicat devait seul gouverner dans l’intérêt du peuple, avec tout en haut le chef du syndicat, ce qui donnait cette impression de syndicat vertical…

Pour bien souligner cette verticalité des idées, il adoptât avec ses partisans la raideur dans le bras droit, ou le salut fasciste.

Ils prirent pour tenue une chemise d’ouvrier,  de couleur bleue, et la formation avait son emblème, avec des flèches barrées d’un joug, en rouge, sur fond noir,  les couleurs des anarchistes.

L’absent défendait  un nationalisme exacerbé,  et des positions souverainistes,  sa petite troupe marchait au pas, bien disciplinée, mais l’absent insistait sur le fait que son mouvement était différent des autres mouvements nationalistes  présents en Europe, même si il s’en inspirait.

Le généralissime qui ne l’était pas encore, se méfait de l’absent, et de sa clique, il le voyait comme un dandy qui était capable de foutre la merde avec des discours.

De plus, l’absent pensait conquérir le pouvoir par voie démocratique, il s’était ramassé un score très faible aux élections, et pour autant, il avait précisé qu’il continuerait à convaincre le peuple de confier le pouvoir a son syndicat vertical, sans coup d’état, c’était long et compliqué.

Ses adversaires démocrates étaient emmerdés, eux aussi, l’absent entretenait de bons rapports avec ceux dont il considérait qu’ils pouvaient avoir des idées intéressantes, on ne pouvait pas l’accuser de ne pas respecter l’assemblée, en plus, ses partisans se faisaient souvent emmerder, ça devenait compliqué, et l’absent faisait vraiment chier tout le monde.

L’assassinat politique était en vogue, en ce temps-là, l’absent avait failli  se faire flinguer dans sa bagnole, en pleine ville,  mais il s’en était bien sorti, méfiant depuis, il se trimbalait avec un calibre.

Ce fut la raison pour laquelle on l’arrêtât,  il possédait des flingues chez lui, un parlementaire du camp opposé qui le connaissait bien, eu beau intervenir en disant que lui aussi, en possédait puisque la violence et le danger étaient partout.

On le bouclât quand-même en taule.

Entre temps, sa formation  recrutait de nouveaux partisans, l’orage n’allait pas tarder à éclater.

Pour ses partisans, il était évident que si l’armée se soulevait, le pouvoir politique lui reviendrait, mais pour ça, il fallait d’abord le délivrer, ses geôliers le gardaient sous le coude, il pouvait toujours servir à des négociations.

Le généralissime était satisfait qu’ils se le gardent sous le coude, il faisait moins de bruit, et moins d’ombre.

L’orage éclatât, mais il n’y eut pas de négociations, le fait que l’absent soit prisonnier arrangeait les affaires du généralissime, il pouvait toujours promettre a ses partisans qu’il appliquerait son programme, et ses idées, sans que l’absent le contredise, ou qu’il lui barre la route vers le pouvoir absolu.

Il fut finalement fusillé, dépassé par la folie meurtrière qui régnait partout, avec pour dernière volonté que son sang soit le dernier versé dans cette tuerie.

Après la tuerie, le généralissime fit transporter sa dépouille à pied par ses partisans jusqu’au mausolée taillé dans le roc, et son image fut aussitôt largement utilisée par la propagande, l’absent était rassembleur.

Mais il ne restait pratiquement plus rien de son idéologie et ses premiers partisans comprirent qu’ils s’étaient faits roulés dans la farine…

Le grand oncle avait également illustré une histoire de la guerre, l’histoire officielle en tout cas,  il avait sûrement adhéré aux idées du syndicat vertical,  quand a Julian, son père, Julius pouvait deviner qu’il avait été lui-même influencé par ces idées, dans sa jeunesse.

Mais comme beaucoup d’autres de sa génération, il s’était rendu compte de la façon dont ils avaient étés roulés, ne restait que l’horreur du vide sanglant de la tuerie.

Avec le temps, Julian avait compris que l’autre était un type comme lui, qui s’était lui aussi trouvé pris dans la tourmente.

Quant à la génération de Julius, elle était composée des enfants ou petits-enfants de membres du syndicat vertical, ou d’autres formations qui lui étaient opposées, mais ça ne leur posait pas de problème pour condamner unanimement la folie meurtrière, dont finalement, seule la connerie sous son masque le plus hideux, celui de la haine meurtrière, était sortie victorieuse.

Un des principes fondamentaux du syndicat vertical avait néanmoins perduré, la volonté de ne pas se faire dissoudre  dans des aventures qui fragilisaient la souveraineté nationale, les copains de Julius, quelles que soient leur opinions politiques, étaient très méfiant vis-à-vis du conglomérat d’états  Européens…

Fabrice demeurait silencieux, puis Julius à son tour lui posât la question de savoir pourquoi sa famille avait adhéré à  l’idéologie du Futier, qui était encore différente du syndicat vertical, il lui répondit dans un énorme éclat de rire.

C’était uniquement dans le but de protéger leur fortune, leur rang, leur train de vie, leur flouze, la guerre était une pure saloperie, ils avaient aussitôt adopté la façon brutale d’agir pour se protéger, et pour s’en protéger, mais il ajoutât qu’évidement, avec le temps, ils avaient pris l’habitude de se rendre à la messe, tous les dimanches, pour avoir le cul bien propre…

Fabrice avait des recommandations très importante à lui faire.

Il fallait qu’il sache que très peu de gens de par le monde, adhéraient vraiment aux idées qu’ils prétendaient défendre, et qu’il valait donc mieux qu’il parte du principe qu’absolument personne n’y adhérait vraiment.

Toute sa vie Julius serrait confronté à des gens qui essayeraient de  le séduire, de le convaincre, pour l’embarquer dans des aventures qui ne serviraient réellement que leurs intérêts,  ils useraient pour ça de  moyens pour agir sur tous les ressorts les plus ignobles et les plus infâmes de l’âme humaine.

Julius devait se méfier  des combats politiques,  car ils ne visaient qu’à servir d’autres ambitions et d’autres idéaux que les siens,  la politique restait l’affaire de quelques-uns,  et même les démocraties n’obéissaient réellement qu’à la volonté de quelques-uns.

Pour le moment, il vivait dans l’illusion qu’il jouissait de quelques libertés, mais ceux qui gouvernaient  ne rêvaient que de le contraindre de manière brutale,  car de formidables enjeux se jouaient, Julius comme des millions d’autres n’était qu’une punaise à leurs yeux, il ne représentait rien, il n’avait ni fortune, ni pouvoir.

Il ne faisait pas partie d’une élite pour laquelle anéantir une punaise, ou des millions de punaises en les écrabouillant,  n’était qu’une simple formalité.

C’était injuste, cruel, violent, autant qu’il le voulait, mais il n’y changerait rien, pas plus que lui, Fabrice, n’y changerait quoi que ce soit, l’intelligence ne gagnait jamais, face à la connerie et aux plus bas instincts de pouvoir et de domination sur l’autre.

Il devait ne laisser paraître aucune faiblesse, aucune faille dans sa personne que d’autres pouvaient utiliser pour le contraindre à se taire, pour pouvoir être sincère, il fallait être irréprochable.

Il n’aurait rien à craindre de gens sincères, ni eux de lui, et ça même si ils n’avaient pas les mêmes idées,  la sincérité dépendait du respect de soi, et de l’autre, mais il n’imaginait pas à quel point la malhonnêteté intellectuelle corrompait les esprits, et bien souvent les plus doués.

Lui cherchait à se garder de cette malhonnêteté,  ses convictions pouvaient ne pas plaire à Julius,  mais  il en avait beaucoup à lui apprendre, si Julius avait l’honnêteté de l’écouter, sans le juger.

Ils étaient venus à bout de la bouteille de Whisky, à leur grand étonnement….

Publicité
Commentaires
Albums Photos
Publicité
La boite a bafouilles
Archives
Publicité